« Le Père Tomori, ou l’Albanie selon Jean Brécot » Par Gaston Monmoussea

– L’auteur :

Gaston Monmousseau (1883-1960) fut un militant syndical cheminot élu secrétaire de la Fédération CGT en 1920, puis secrétaire général de la CGTU de 1922 à 1932, membre du Bureau politique du PCF de 1925 à 1939 puis de 1956 à sa mort en 1960. Il fut aussi directeur de la V.O.

– L’ouvrage :

Un mot sur le titre : « Le père Tomori » n’est pas une personne, mais le nom d’une petite chaîne de montagne au sud de l’Albanie mesurant environ 30 km de long sur une dizaine de larges et culminant au mont Çuka Partizane à 2416 mètres.
Une curiosité, l’utilisation de son pseudonyme « selon Jean Brécot » doublée de son vrai nom « Gaston Monmousseau ». Monmousseau avait commencé à utiliser le pseudonyme de Brécot dans des articles de la V.O. en 1921, mais sans dévoiler son vrai nom. Par la suite, il a repris ce pseudonyme dans une série d’ouvrages « La Chine, selon Jean Brécot », « L’oncle Eugène, selon Jean Brécot », etc. mais en ajoutant toujours sa vraie identité.
L’ouvrage lui-même : publié un an après la publication de « La Chine, selon Jean Brécot » (1956), l’auteur a publié « Le Père Tomori, selon Jean Brécot » en 1957.  L’auteur, militant communiste convaincu et admirateur de l’Union Soviétique de son temps, veut témoigner – avec ces deux récits de voyage de pays en voie d’évolution vers le socialisme. Il sait qu’on va lui reprocher cette vision idéalisée de la situation qu’il décrit aussi, dans un long avertissement « à ses lecteurs et lectrices » il écrit : « Quelqu’un m’a déjà reproché d’avoir manqué d’objectivité en décrivant mon voyage en Chine. Je crains d’encourir ce même reproche aujourd’hui de mon voyage en Albanie… J’ai les yeux de mes opinions pour regarder les images de la vie ».
Monmousseau visite l’Albanie du Nord au Sud et retour en 1956, une douzaine d’années après la libération du pays et la mise en place d’un gouvernement communiste. Son récit se veut touristique mais il insiste (parfois lourdement) sur les efforts du peuple albanais qui, comme en Chine, en quelques années espère remplacer le féodalisme par le pouvoir populaire. Il nous donne maints exemples des progrès réalisés au niveau de l’agriculture, de l’industrie, de l’éducation publique, etc… Mais on sent qu’il craint de ne pas convaincre ses lecteurs, aussi, page 120 il glisse la phrase suivante : « …Lecteurs, ce Paris d’aujourd’hui dont vous êtes fiers à bon droit est l’œuvre de quatre siècles à partir des Tuileries. Vous pouvez bien accorder deux ou trois décades à nos frères Albanais, à leur Parti Communiste et à leurs syndicats ».

– Mon avis personnel :

Cet ouvrage est à replacer dans son temps et dans l’esprit militant de l’auteur. Malheureusement l’histoire nous a démontré que ces belles espérances n’ont pas abouti. Le stalinien Enver Hoxha, chef du gouvernement et Premier secrétaire du Parti Communiste Albanais, suscite l’admiration de l’auteur. Il est vrai qu’en 1957 il peut encore se poser en « libérateur » du pays, mais rapidement il mettra en place un régime très sévère basé sur la répression. Admirateur inconditionnel de Staline, Hoxha rompra avec l’URSS après le décès de Staline, tout comme il rompra plus tard
avec la Chine à la disparition de Mao.

François Ancelin (03/03/2016)

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